Note d’intention

Notre aventure avec Boris Vian a commencé il y a 10 ans.

Avec Guillaume le guitariste et interprète du spectacle, un ami denfance, nous découvrons ses textes, ses écrits pataphysiques, son traité de civisme, sa poésie, sa chanson du déserteur et sa rage. Nous avons tout de suite associé cet univers riche et engagé à la guitare électrique. De là est né notre premier spectacle en 2014 Je voudrais pas crever.

Fort de cette création, nous avons souhaité nous ré-emparer d’une grande partie de ces textes, cette fois accompagnés d’une voix féminine, dans une autre mise en scène et une autre musicalité -guitare sèche et guitare électrique- faisant ainsi émerger sa soif de vivre. B.O.R.I.S. pourquoi que je vis, notre deuxième spectacle, est né en 2018.

Pour célébrer son centenaire, nous avons voulu entrer dans son intimité par la mise en musique de son magnifique recueil de poésie Je voudrais pas crever.

Entrer dans sa tête par le prisme de sa poésie en commençant par la fin de sa vie. Ce recueil quil a écrit sur la fin de sa courte vie et qui ne sera publié quaprès sa mort, nous lavons abordé comme une énigme à résoudre pour mettre à jour les deux faces de l’homme : lenfant et ladulte.

Lenfant libre, créatif, en sécurité, propulsé dans le monde adulte à l’âge de sept ans parce qu’il apprend que son cœur ne le suivra pas longtemps, et ladulte torturé, tiraillé, malmené, jamais reconnu à sa juste valeur. Créer, inventer, jouer, chanter, rigoler, écrire, vite, vite, vite… sa maladie de cœur le rattrape.

Nous entrons chez Boris Vian, dans son espace de vie, son espace de création, son espace damour et mettons à nu sa pensée poétique.

Pour notre scénographie, il nous est apparu manifeste de délimiter plusieurs espaces : chez lenfant dans son atelier touche à tout, chez ladulte dans son salon, et entre les deux chez l’écrivain. Des espaces qui se côtoient, se rejoignent, se mélangent, se chahutent, parfois s’évitent. Nous utilisons la guitare sèche qui est à la fois douce, joueuse, introspective : elle fait naitre sa pensée poétique et permet à l’artiste de se livrer intimement, elle est une recherche sensitive, une invitation à entrer dans sa tête pour accéder à son univers émotionnel. Les sons électros joués, improvisés en direct depuis une boite à rythme amènent une tonalité joyeuse, festive, explosive, ils invitent au monde de la nuit si chère à Boris Vian.

Ainsi est né Je voudrais pas crever avant d’avoir connu.

Jonathan Perrein.

C’est dans un deuxième temps que j’ai rejoint l’équipe pour la création de Je voudrais pas crever avant d’avoir connu.

Comme l’a écrit Jonathan, c’est d’abord l’amitié qui le lie avec Guillaume. Et ce sont ces liens forts, visibles et sans retenue qu’il me semblait indispensable de mettre en valeur. En les découvrant sur scène lors de nos premières répétitions j’ai été saisie par la présence non incarnée mais non moins puissante de leur amitié. Ces deux artistes étaient déjà tellement empreints de sensibilité et de vérité qu’il leur suffisait de simplement “être” sur scène pour que naisse un instant scénique véritable.

La mise en scène a avant tout la volonté de livrer ces textes poétiques autrement. Que les poèmes soient en vers ou en prose, il nous paraissait essentiel, en les portant sur scène, en leur insufflant le souffle de vie propre au spectacle vivant, de les nourrir avec des images et émotions sincères appartenant aux interprètes. La poésie prend donc vie sans retenue, au point où l'humanité, l’humour, l’angoisse et la désinvolture que Boris Vian a pu y mettre, touchent au plus profond le spectateur en le transportant dans les différents espaces de la vie de Boris ainsi que dans ceux de sa propre intimité.

Georgina Ridealgh.